Le lundi 22 mai 2017 a eu lieu dans la salle Clémenceau du Palais du Luxembourg, le colloque « la question animale : un enjeu majeur du XXIème siècle », organisé par Jean Desessard, Sénateur de Paris et Président du groupe écologiste, en partenariat avec l’association L214.
Tout au long de cette journée se sont succédés des intervenants sur différentes thématiques relatives à la question animale. Parmi les sujets abordés, il a notamment été question de l’élevage et ses conséquences (souffrance animale, impacts environnementaux ou encore psychologiques…). Ont été également évoquées les alternatives à interroger pour l’avenir. En effet, professeurs, spécialistes, membres de l’association L214 ou encore élus, ont tous eu à cœur de mettre en lumière cette question trop souvent oubliée des débats politiques, en particulier de la campagne présidentielle tout juste achevée. Il s’est ainsi agi de promouvoir une société alternative davantage respectueuse des animaux, ainsi que, inséparablement, un mode de vie végan. Ainsi, le véganisme a été particulièrement au cœur des enjeux de cette journée.
Après le discours d’ouverture de Jean Desessard, Philippe Reigné, professeur de droit privé au Conservatoire des Arts et Métiers, a introduit le colloque en tentant de donner une définition de l’animal et de son statut. Soulignant d’emblée le caractère vivant, sentient, sensible et domestique comme sauvage de l’animal, il a posé les jalons d’un débat promouvant la reconsidération de la place de l’animal dans la société, l’ ‘antispécisme, ainsi que le rôle de l’action publique en la matière.
Les positions défendues par les différents intervenants les ont amené à démontrer le bien-fondé d’une remise en cause du mode de vie carnivore de l’être humain. La souffrance animale a évidemment été centrale dans l’argumentation. Cependant, celle-ci s’est également largement appuyée sur des raisonnements scientifiques quant aux conséquences environnementales et sanitaires de l’alimentation carnée. D’une part, comme l’a mis en évidence Stanislas Carnino de l’association L214, l’élevage contribue fortement au réchauffement climatique dans la mesure où il s’avère responsable de 14,5% des gaz à effets de serre au niveau mondial. Il provoque en outre un important gaspillage de ressources, auquel une alimentation moins riche en viande voire végétalienne pourrait remédier. D’autre part, a été mise en exergue l’impact sur la santé publique d’une surconsommation de viande (maladies cardiovasculaires, obésité, diabète de type 2, etc…), un coût qui revient entièrement à la collectivité. En ce sens, l’alimentation végane apparaît comme une alternative nutritionnellement viableet soutenue par un consensus scientifique.
Parce que la seule prise de conscience des individus est insuffisante à changer la société, le rôle indispensable des politiques publiques a été largement souligné. En ont témoigné, les explications de Jacques Boutault, maire du 2ème arrondissement de Paris, à propos de l’instauration d’un repas végétarien par semaine dans les cantines, là encore justifié par des raisons environnementales et sanitaires. De la même manière, Sylvain Dibiane, spécialiste en prévention des risques et gestion de crise, a insisté sur la nécessité d’une rénovation de l’action publique en particulier par l’engagement du Conseil Économique Social et Environnemental et du Parlement vers une politique plus cohérente. En ce sens il a proposé plusieurs axes de réflexion qu’il a présentés comme un enjeu de société pour les prochaines législatures. Parmi eux, l’abrogation du décret du 30 septembre 2011 rendant obligatoire la viande à la cantine, l’interdiction de l’abattage des vaches gestantes, ou encore l’orientation du budget de l’État de manière à favoriser l’alimentation végétalienne.