Jeudi 17 décembre, lors de la séance des questions au gouvernement, Jean Desessard s’est adressé au Ministre de l’immigration sur la situation des travailleurs sans papiers intérimaires .
Monsieur le Ministre,
Ma question concerne les travailleurs sans-papiers en général, et plus particulièrement les 88 travailleurs intérimaires sans-papiers qui sont en grève active depuis le 3 juillet dernier, devant l’agence d’intérim qui les emploie, MAN BTP, dans le 10ème arrondissement de Paris.
Tout d’abord je vous remercie de votre réponse rapide à ma lettre du 11 décembre dernier où je demandais qu’une solution soit trouvée avant la fin de l’année. Malgré tout, le contenu de votre réponse reste insuffisant au regard de l’urgence de la situation dans laquelle se trouvent ces travailleurs.
Je crois qu’il est utile de recadrer le contexte général.
Où est le scandale, où est l’inacceptable, Monsieur le Ministre ? Est-ce le fait que ces personnes soient venues en France pour travailler et nourrir leurs familles ? Ou bien est-ce l’existence de réseaux clandestins d’un marché du travail « underground » qui profitent de la situation de ces travailleurs sans-papiers ?
Où est le scandale, où est l’inacceptable, Monsieur le Ministre ? Vient-il de ces travailleurs sans frontières qui abandonnent leur pays pour venir construire nos routes, nos écoles et nos hôpitaux ? Ou bien des boursicoteurs sans frontières qui spéculent et s’enrichissent sans rien produire pour la société ?
Alors cessez de les considérer comme des délinquants, et regardez leur mouvement de grève comme celui de salariés comme les autres qui se battent pour la reconnaissance et le respect de leurs droits. Ce combat nous concerne tous, car il s’agit de lutter contre le travail au noir et l’exploitation de la clandestinité, par exemple pour les travaux illégaux tel le traitement de l’amiante sans protection. Les critères que vous avez mis en place pour apporter une solution aux mouvements sociaux des travailleurs sans papiers ont permis de régulariser plus d’un millier de ces travailleurs. Mais ces critères ne correspondent pas à la situation spécifique des intérimaires.
Pourtant, ces hommes travaillent en France depuis plusieurs années, certains depuis plus de 8 ans. Ils sont très appréciés des chefs d’équipes qui reconnaissent la qualité de leur travail et de leur savoir-faire, et les rappellent régulièrement car ils ont besoin d’eux sur leurs chantiers. D’ailleurs, aujourd’hui, la totalité de ces salariés intérimaires ont des promesses d’embauches de Vinci, Eiffage et Rabot Dutilleul et de l’entreprise d’intérim MAN BTP.
Alors ma question est simple Monsieur le Ministre : êtes-vous prêt à régulariser la situation de ces travailleurs intérimaires avant la fin de l’année ? Cela serait un geste du gouvernement qui prouverait, par cette mesure, que l’urgence est bien à la lutte contre le travail clandestin et non à la répression des sans-papiers qui ont osé porter au grand jour leur situation.