Jean Desessard, sénateur Vert de Paris, est déjà intervenu au sujet de la SNCM au Sénat le 15 décembre 2004. Aujourd’hui, il s’inquiète des conséquences de la privatisation de la compagnie pour la continuité du service public. Il sera présent aux côtés des salariés lundi à 18 heures à Marseille pour le meeting de soutien aux grévistes des partis, syndicats et associations de gauche.
Les Corses ont droit à une desserte régulière, efficace et fiable. Le Comité économique et social européen a adopté cet avis de désenclavement des îles à Bruxelles le 25 avril 2002 par 81 voix pour, 2 voix contre et 14 abstentions. Mais cette continuité territoriale a un prix. Elle ne sera pas rentable dans le contexte insulaire. A qui fera-t-on croire que le fonds d’investissement Butler s’en acquittera correctement ? Sur certaines liaisons, La SNCM ne peut pas rivaliser avec la société privée « low cost » Corsica Ferries, battant pavillon italien.
Jean Desessard souhaite donc une sortie de crise négociée, en concertation avec les syndicats. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités, renflouer la compagnie, la moderniser, mais avant tout garder une participation suffisante pour assurer sa mission de service public. Pour cela, une participation publique annoncée à hauteur de 25 % du capital de la SNCM, sera largement insuffisante.
La reculade de Dominique Perben ne masquera pas ce qui saute aux yeux : le gouvernement Villepin poursuit le démantèlement du service public, avec une brutalité toute raffarinienne. Après avoir bradé les autoroutes cet été, Dominique de Villepin abandonne à un de ses amis (Butler), pour 35 millions d’euros, un patrimoine collectif de plus de 400 millions, en le recapitalisant gracieusement de 113 millions. Et supprime 400 emplois au passage, en payant seul le plan social. Privatisation des profits, socialisation des pertes : à qui profite la droite ?
Au-delà du tout-Etat ou du tout-privé, il faut inventer une solution capable de maintenir le service public sans répéter les erreurs de gestion du passé. Et sortir de cette crise par le haut, par exemple en proposant une reprise de l’activité en Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC, statut créé par la loi du 17 juillet 2001, qui correspond bien aux activités de la SNCM), qui associerait pouvoirs publics (Etat et régions), usagers, salariés, associations et entreprises privées.