Mardi 20 mars 2012 j’ai rencontré des syndicalistes des centres mutualistes de santé : Mousatafiy Taieb (CGT), Catherine Martini (CGT), Jean-Jacques Lariagon (CFE-CGC) et Sophie Paris-Guillaume (CGT). Nous avons abordé la question des centres mutualistes de santé, et en particulier le cas du centre Moulinet (Paris 13e) touché par un important plan social et la diminution des spécialités médicales proposées.
Le centre Moulinet proposait 17 spécialités médicales[1] en « secteur 1 », c’est-à-dire appliquant le tarif conventionnel, sans dépassement d’honoraire. Les soins en « secteur 1 », accessibles aux classes populaires, se font de plus en plus rares à Paris et dans les grandes agglomérations. Car contrairement aux hôpitaux, que les centres mutualistes soulagent en accueillant des patients, ils ne sont pas reconnus comme un service public et ne profitent pas de subventions. Or, si proposer des services de santé de secteur 1 permet de payer les salaires, le prix des loyers et des charges augmentent plus vite que la rémunération des actes médicaux et mettent en déséquilibre le budget. Cette malheureuse dynamique ne se limite pas au centre Moulinet mais touche tous les centres de santé mutualistes, et peu à peu il ne reste plus que les hôpitaux publics, déjà surchargés, qui proposent des soins sans dépassement d’honoraire. Résultat, le centre Moulinet a été contraint, faute de moyens, de fermer 12 spécialités. Il n’en reste aujourd’hui plus que 5 spécialités : les plus rentables.
Cette situation de fragilité financière résulte de l’application de directives européennes[2] imposant la création d’un code de la Mutualité en 2002 et la séparation des activités. Les mutuelles qui avaient auparavant des comptes équilibrés ont dû séparer les activités d’assurance et de capitalisation, fortement rentables, des actions de prévention, de l’action sociale et de la gestion de réalisations sanitaires et sociales.
Cette première offensive libérale, visant à tout mettre en concurrence et à favoriser le secteur privé non-solidaire, met en péril l’accès de tous à la santé. Alors que 29% des français renoncent à se soigner faute d’argent, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a même fait le choix d’augmenter la taxe sur les mutuelles de 7% en 2012, remettant ainsi en cause la solidarité mutualiste qui permettait encore, ici ou là, de sauver un centre de santé.
Les solutions permettant de préserver le secteur 1 de la santé existent. Ainsi, à Marseille, un groupement d’intérêts privés (GIP) a vu le jour entre conseil régional, municipalité et mutuelles. Le soutien des collectivités territoriales a permis de sauver ces centres de soins de proximité qu’ils soient municipaux ou mutualistes. C’est la solution immédiate que nous défendrons et pour laquelle nous nous mobiliserons pour sauver la santé de proximité accessible à tous.
[1] gynécologie, dermatologie, gastrologie-entérologie, endocrinologie, rhumatologie, oto-rhino, orthoptie, podologie, hématologie, prélèvements sanguins, soins infirmiers, ORL, investigations fonctionnelles.
[2] Directive Européenne 93/42/CE ; un historique des transformations : http://www.unam.fr/index.php?article=1256822850