Dans le 14e, la police est intervenue juste avant une expertise judiciaire.
Nicolas Sarkozy l’avait dit. La préfecture de police l’a fait. Les forces de l’ordre ont évacué hier matin deux squats parisiens occupés par des Africains, trois jours après les déclarations du ministre de l’Intérieur et une semaine après les deux incendies d’immeubles insalubres qui ont fait, coup sur coup, 24 morts dont 18 enfants. Le premier squat était situé au 4, rue de la Fraternité (dans le 1ge), le second au 26, rue de la Tomhe- Issoire (dans le 14’).Selon la préfecture de police, les personnes évacuées sont des « occupants sans droit ni titre » dans des immeubles « connus des services de sécurité pour comporter des risques à l’occupation ». La préfecture de police a annoncé avoir « pris les dispositions utiles »pour que toutes les personnes expulsées« puissent, en famille, être transportées dans des lieux d’hébergements décents.
Le squat de la Fratemité, installé dans une ancienne imprimerie, comptait un étage. Certains des quelques 70 Africains y résidant, ont opposé un peu de résistance aux forces de l’ordre mais ne se sont pas résignés à accepter les nuits d’hôtel proposées par la préfecture. Dans la rue de la Tombe- Issoire, une dizaine de personnes, dont Jean Desessard sénateur de Paris (Verts)et René Dutrey, président du groupe Verts au conseil de Paris, ont vainement tenté de s’opposer à l’entrée de la police.
L’immeuble de quatre étages était occupé habituellement par 80 Ivoiriens, dont une douzaine d’enfants. Selon le propriétaire de cet immeuble, le bâtiment avait été déclaré « inhabitable irrémédiablement » en août à la suite d’un arrêté préfectoral. Mais une nouvelle expertise judiciaire devait y avoir lieu hier à 14 heures, sur décision du préfet de police.
Dans un communiqué, l’élu explique qu’il « s’indigne et comprend mal la brusque décision du ministre de l’Intérieur ayant entraîné l’inter – vention spectaculaire des forces de l’ordre » et s’interroge sur« la véritable finalité de cette opération qui apparait fortement médiaticopolitique). Les occupants, après être allés voir les hôtels proposés pour le relogement, sont revenus dans le quartier où ils devaient vraisemblablement s’installer dans la rue, selon la Fondation Abbé Pierre.
De nombreux élus de gauche et les associations MRAP et Emmaüs ont protesté contre ces expulsions, tandis que le maire de Paris, Bertrand Delanoë (PS), a « pris acte » des « engagements pris par la préfecture de police » concernant le relogement des familles évacuées. Une manifestation organisée par de nombreuses associations mais à laquelle ne veut pas s’associer la UCRA est prévue ce samedi après-midi à Paris.