Entre Eva Joly et l’ex-animateur de TF1, le sénateur d’Europe Ecologie-Les Verts a choisi : « Nicolas Hulot nous permet de toucher un public plus large », explique le membre du bureau exécutif d’EELV, chargé de la formation, de l’accueil et des relations avec les régions. « On ne demande pas aux gens d’être nés écologistes, mais de prendre conscience de la gravité de la crise écologique à un moment donné. Nicolas Hulot le symbolise », explique le sénateur de Paris. Entretien.
Après les deux premiers débats, vers qui va votre préférence entre Nicolas Hulot et Eva Joly ?
Je vais voter Nicolas Hulot.
Pourquoi est-il le meilleur ?
Je n’ai pas dit qu’il est le meilleur. Eva Joly est très bien aussi. Je dis que Nicolas Hulot nous permet de toucher un public plus large.
Dans Le Parisien/Aujourd’hui en France, il explique vouloir « taxer le capital ». Une manière de répondre après la polémique que ses propos sur Jean-Louis Borloo ont créée ?
Je crois justement que ce qui est intéressant chez Nicolas Hulot, c’est qu’après ses différentes expériences, il a pris conscience que pour sauver la planète il fallait en finir avec l’idéologie de compétition et de concurrence pour construire un projet de société solidaire basé sur la coopération. Et cela, c’est fort chez lui. Apres toutes ses expériences, où il a fait le tour du monde pour ses documentaires, il a pris conscience de l’état de la planète. Il est sensible au fait qu’on ne pourra pas y arriver en laissant le marcher et les choses aller d’elles-mêmes. Il faut un vrai projet de société et de la solidarité.
Mais c’est une manière de répondre à ceux qui lui reprochent de ne pas être assez à gauche ?
La campagne présidentielle va se baser sur trois éléments. 1 ) Quel est l’état environnemental de la planète ? Que faut-il faire ? Respecter la biodiversité, consommer autrement, Nicolas Hulot a pris conscience de ces points-là. 2) Le deuxième Nicolas Hulot a pris conscience que cela ne pouvait s’appliquer que s’il y avait une solidarité, que si les humains bâtissaient un projet ensemble. Pour cela, il faut le rôle de l’Etat, être solidaire, avoir une fiscalité qui taxe les plus riches.
Nicolas Hulot sera taxé lui-même alors ?
Bien sûr. Par rapport à ses revenus financiers, il en fait don à certaines associations. Je ne crois pas que ça le terrorise. Et enfin 3) C’est la nécessité de reformer nos institutions et faire revivre notre démocratie.
Stéphane Lhomme, candidat aussi à la primaire écologiste, a parlé hier lors du débat du « problème Hulot » qui « nous arrive de la planète TF1 » avec ses « mécènes » comme EDF. Le ton monte dans cette primaire…
Elle va vite se terminer, les gens vont voter le 24 juin. Je ne sais pas si c’est mieux, en tout cas c’est ainsi. Ça laisse peu de temps pour laisser la polémique prendre un ton qui serait regrettable. Sur le passé de Nicolas Hulot, il correspond à celui de beaucoup de personnes qui ont eu un passé politique différent, des vies professionnelles diverses et qui disent aujourd’hui on ne peut pas continuer comme ça, il faut que les choses changent. On ne demande pas aux gens d’être nés écologistes, mais de prendre conscience de la gravité de la crise écologique à un moment donné. Nicolas Hulot le symbolise. Il correspond à beaucoup de personnes.
Mais ne va-t-il pas traîner son passé comme un boulet s’il est candidat ?
Nicolas Hulot a eu une vie professionnelle. Dans la vie professionnelle on travaille dans de grandes entreprises, avec l’Etat ou dans des institutions. Aujourd’hui, il dit « mon parcours professionnel m’a conduit à une prise de conscience ». Ça correspond à l’évolution de beaucoup de personnes. Apres, qu’il y ait des gens qui reprochent son passé, peut-être. Mais le plus important, c’est qu’il symbolise cette prise de conscience écologique.
Nicolas Hulot tacle Eva Joly en soulignant qu’«avant de venir à Europe Ecologie-Les Verts, elle avait demandé à François Bayrou une tête de liste (aux européennes) et (qu’il) ne le lui reproche pas ». A base de petites phrases, la primaire ne risque-t-elle pas de mal tourner ?
Il y a des choses qui se disent. On est 10 000, or on souhaite être 100 000. On ne peut être qu’attentif à toutes les personnes, d’où qu’elles viennent. Eva Joly comme Nicolas Hulot ont eu des parcours différents puis nous ont rejoint. Ça ne peut que nous conforter. Quand on sera 100 000, on devient une force incontournable dans le pays. J’ai 22 ans d’écologie, ces petites piques, je les regarde de loin.
Jean-Vincent Placé menace le PS de présenter 577 candidats Europe Ecologie-Les Verts aux législatives s’il n’y a pas d’accord entre les deux formations sur une sortie du nucléaire, que demande EELV. Cela ne risque-t-il pas de faire perdre des sièges à la gauche ?
On en parlera dans 15 jours, après la primaire. Il y a des négociations qui se mettent en place. Pour les écologistes, c’est une nécessité de prendre un engagement sur une sortie du nucléaire. En rappelant cela, Jean-Vincent Placé ne fait que traduire le texte voté à notre congrès de La Rochelle.
Si Nicolas Hulot est désigné candidat, cela ne facilitera-t-il pas les discussions avec le PS, lui-même étant fraîchement acquis à la sortie du nucléaire et n’étant pas le plus pressé quant au rythme de sortie ?
Quel que soit le candidat à la présidentielle, il sera solidaire des prises de positon d’EELV. Il n’y en a pas un qui est moins actif sur la sortie du nucléaire que l’autre. On réclame, et les uns et les autres, la sortie du nucléaire, comme on réclame la proportionnelle aux élections législatives.