Par Elisa Bertholomey, à retrouver sur le site de Public Sénat.
Le constat de l’OMS est-il une nouveauté pour vous ?
Ce n’est pas une nouveauté. J’ai participé à un colloque sur ce sujet au Sénat. Déjà, les experts scientifiques avaient dit que la seule chose dont on est sûr, c’est que ce n’est pas anodin, il y a des risques sérieux. A l’époque, on n’avait pas d’études scientifiques car on n’avait pas assez de recul. Mais en cas de risques sérieux, il y a des principes de précaution à adopter. J’ai fait une intervention lors du Grenelle des ondes qui avait eu lieu avec Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle avait commencé son introduction en disant « la téléphonie mobile est aussi nécessaire que l’eau ». J’ai trouvé que c’était un peu exagéré : ça n’a pas autant d’importance, ce n’est pas vital.
Pour votre part, allez-vous retravailler sur le sujet ?
On a déjà travaillé à une proposition de loi qu’on va reproposer puisqu’elle est encore plus d’actualité. On va réactiver le réseau d’élus contre la téléphonie mobile, les communes, relancer les débats.
A votre avis, comment le lobby de la téléphonie va-t-il réagir ?
Quand la situation est chaude pour eux, souvent ils ne réagissent pas, ils font le dos rond. Dans 3-4 semaines, ils vont demander un petit colloque. Ils vont réagir sans réagir, faire comme s’il n’y avait rien. Ils vont être dans le déni de la réalité au lieu de développer des technologies qui tiennent compte de la santé. Voilà comment devraient être les entreprises aujourd’hui. Il faut être responsable et tenter d’anticiper les problèmes qui peuvent se poser.
La loi Grenelle 2 du 10 juillet 2010 qui prévoit notamment l’interdiction à la vente d’appareils contenant un équipement radioélectrique aux enfants de moins de 6 ans, n’a toujours pas été promulguée…
J’espère que cet avis de l’OMS accélèrera les choses au niveau de l’application de la loi Grenelle et que le travail sera plus régulier. Parce que là, on va entendre parler de ce problème pendant trois semaines à fond, les ministres seront sur tous les fronts, on va créer des commissions de réflexion… Et puis plus rien ! Il faut qu’il y ait des autorités indépendantes qui suivent les études. Il faut faire des bilans annuels avec les associations. On a besoin d’une autorité qui lance les enquêtes épidémiologiques. Il faut faire des évaluations avec les opérateurs, les usagers, les associations de scientifiques…