Laurent Wauquiez a précisé, ce dimanche 8 mai, la réflexion déjà ébauchée depuis quelques semaines par des responsables de la majorité à propos de la protection sociale : le RSA s’apparente à de « l’assistanat », dont les « dérives constituent le cancer de la société française ». Au-delà d’un vocabulaire particulièrement malvenu, la sortie est claire. « Pour le Gouvernement, la pauvreté est un choix dans lequel les oisifs se complaisent au mépris des travailleurs, alors que la précarité s’est trouvée exacerbée par une crise financière dont la droite porte la responsabilité idéologique ! », s’indigne Jean Desessard.
Malheureusement pour le ministre, son argument principal selon lequel « un couple au RSA gagne plus qu’un couple dont l’un des conjoints est au SMIC » est faux, comme le montrent de rapides calculs repris par la presse. M. Wauquiez, secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi lors de la mise en place du RSA, le sait pourtant pertinemment et cette volonté délibérée d’attiser le ressentiment social ne présage rien de bon à l’approche de la présidentielle.
« La relative prospérité de notre société nous est acquise des générations précédentes : les minima sociaux constituent la part de l’héritage collectif que ceux qui ont dominé le système concurrentiel ne peuvent pas s’accaparer », rappelle Jean Desessard. Vouloir conditionner le RSA est donc un non-sens.
« Si le Gouvernement constate des besoins d’intérêt général, c’est l’occasion d’arrêter de démanteler le service public et d’embaucher, au lieu de chercher à séduire un électorat réactionnaire en humiliant les laissés-pour-compte du système », propose Jean Desessard.
« Du point de vue pratique, la mise en place d’un conditionnement du RSA à 5 heures de travail hebdomadaires est totalement irréaliste quand on connaît le sous-effectif actuel des agences d’Etat », estime le Sénateur, par ailleurs membre de la mission parlementaire sur Pôle Emploi.