PARIS, 7 octobre 2010 (AFP) – Face à la perspective d’un durcissement du conflit sur la réforme des retraites et aux demandes de sa majorité sénatoriale, l’exécutif a lâché jeudi un peu de lest sur la retraite de certaines mères de trois enfants et de parents de handicapés mais est resté ferme sur les 62-65 ans.
Alors que les préavis de grève illimitée à partir de la journée d’action du 12 octobre se multiplient – la fédération CGT de l’énergie ayant rejoint les syndicats de cheminots et de la RATP – des lycéens sont descendus dans la rue jeudi en Midi-Pyrénées.
Jeudi avant la reprise des débats sur la réforme au Sénat, Nicolas Sarkozy a réuni à l’Elysée les dirigeants de sa majorité sénatoriale, Eric Woerth (Travail) et Georges Tron (Fonction publique) et décidé de proposer deux « avancées » pour tenter de désamorcer la contestation.
Ensuite à l’ouverture de la séance, Eric Woerth a annoncé aux sénateurs qui examinent depuis mardi la réforme, le dépôt de deux amendements.
Le premier permet aux mères de 3 enfants et plus, nées entre 1951 et 1955 et qui ont arrêté de travailler de continuer à bénéficier d’une retraite sans décote à 65 ans. Quelque 130.000 femmes sont concernées.
Le deuxième amendement maintient à 65 ans l’âge d’annulation de la décote pour les parents d’enfants lourdement handicapés.
Ces mesures seront financées à hauteur de 340 millions par une hausse de 0,2% des prélèvements sociaux sur les revenus du capital et par l’alignement du taux des prélèvements forfaitaires sur les plus-values immobilières faites sur les résidences secondaires, sur celui des prélèvements sur les autres revenus du capital.
Quelques minutes après cette annonce un communiqué était diffusé par l’Elysée indiquant que le président Sarkozy avait demandé au gouvernement de déposer « sans délai » des amendements sur les mères de familles nombreuses et les parents d’enfants handicapés.
Le premier amendement devra bénéficier, sans distinctions de sexe, à « tous les parents » de trois enfants à la carrière interrompue « au moins un an » par ces naissances, a précisé l’Elysée.
La majorité au Sénat, dont son président Gérard Larcher (UMP) et les centristes arbitres des votes – l’UMP n’ayant plus la majorité absolue -, réclamaient depuis de longs jours un geste sur les deux points (familles nombreuses et handicapés).
L’exécutif n’a en revanche rien lâché sur les bornes d’âge. « Le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans est une composante essentielle de la réforme. Il en est de même du relèvement de l’âge d’annulation de la décote à 67 ans en 2023 », explique l’Elysée.
Ces annonces, loin de calmer l’opposition, ont déclenché dans l’hémicycle une avalanche de réactions et la discussion s’est envenimée faisant ressembler le placide Sénat à la houleuse Assemblée Nationale.
Ce ne sont « pas des avancées mais le maintien de dispositions qui existent déjà », a lancé Christiane Demontès (PS).
« Vous théâtralisez les débats » a renchéri le président du groupe PS, Jean-Pierre Bel. « Vous êtes le ministre de la réclame, vous nous avez fait un spot publicitaire pour les ménagères de 55 à 60 ans », a pesté Jean Desessard (Verts) à l’adresse d’Eric Woerth.
« Vous avez peur du mouvement social, de son ampleur, de sa radicalisation » a renchéri Jean-Pierre Caffet (PS).
« Respectez le gouvernement, ne mettez pas sans arrêt des propos d’une violence extrême, le gouvernement a le droit de demander des amendements » a rétorqué M. Woerth.
« Il y en a marre de vos leçons », a lancé Philippe Dallier (UMP), accusant la gauche de n’avoir jamais proposé de réformer les retraites quand elle était aux affaires.